Couvent des Jacobins

Localisation :

Tours, enclos compris entre la place Foire-le-Roi à l’ouest, la Loire au nord, la rue des Amandiers à l’est et la rue Colbert au sud.

Dates :

XIIIe-XVIIIe siècles

État du batiment :

Détruit

Couvent des Jacobins : bâtiments des Jacobins, plan des combles, E. Morbach, 30 mai 1868, plan, Région Centre-Val de Loire, Inventaire général du patrimoine, IVR24_86370507X.
Crédits : © Région Centre-Val de Loire, Inventaire général, Jean-Claude Jacques

L’histoire des Jacobins à Tours remonte à la première moitié du XIIIe siècle lorsque Philippe Auguste délaissa à l’ordre de Saint-Dominique ses droits sur deux arpents de terrain situés au niveau des remparts du bourg des Arcis. Cette cession ne rendit cependant pas l’ordre propriétaire du terrain. Il faut pour cela attendre l’intervention d’un bourgeois de Tours, Guillaume Grossetête et sa femme, qui, en 1224, après avoir acheté la quasi-totalité du terrain, en firent don aux Jacobins. Malgré cette acquisition précoce, la communauté des jacobins ne fit son apparition qu’à partir de 1242-1243 et la première église sur le site ne fut édifiée qu’à partir de 1251 [Mabire La Caille, 1981, p. 17].

Le choix du lieu d’implantation du couvent n’était pas le fruit du hasard. Les Jacobins se livraient à la prédication et l’installation à un endroit stratégique de la cité bénéficiait à leur tâche. L’enclos longeait la Grand-Rue, axe principal de la ville, ainsi que la rue située dans le prolongement du pont de la Loire, deux rues très fréquentées qui donnaient accès à la place Foire-le-Roi pour l’une et au carroi des Arcis, à la Loire et à l’une des portes de la ville pour l’autre [Mabire La Caille, 1981, p. 32].

 

Expansion et apogée

En 1261, suite à la mise à sac du couvent, les Jacobins bénéficièrent des libéralités du roi Louis XI qui fit bâtir un monastère et notamment une église connue sous le vocable de Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles et des bâtiments conventuels [Mabire La Caille, 1981, p. 19]. L’église possédait une Nef de 50 mètres de long. Large de 11 mètres, la nef était dotée sur la moitié de sa longueur d’un Collatéral à arcades et colonnes. Une vaste verrière se déployait sur le mur du Chevet plat. Elle représentait, selon les vœux de Louis IX, la croisade de 1250 [Oury, 1978, p. 685].

En 1356, l’enclos du couvent subit des modifications en raison de la construction des nouveaux remparts de la ville de Tours. L’enceinte longeait le monastère du côté de la Loire. Une tour et une porte furent installées à proximité du couvent et des échauguettes sur les murs de l’enclos. Un accès au rempart était possible depuis l’allée du dortoir au moyen d’un escalier en bois qu’il fallut doter d’une porte pour empêcher les frères d’y aller se promener [Oury, 1978, p. 688].

Un incendie ravagea une partie des bâtiments et de l’église en 1408. Le couvent put bénéficier du soutien financier de Charles VII et de Thomas Tacquin pour la reconstruction [Mabire La Caille, 1981, p. 22]. Ce fut l’occasion de réaliser une fresque représentant la Vierge au manteau qui fut détruite lors du bombardement de 1940 [Oury, 1978, p. 689].

Au plus fort de son extension, à la fin du XIVe siècle, l’enceinte du couvent couvrait une superficie de près d’un hectare et demi. Cet agrandissement s’était fait progressivement, d’abord à l’ouest du terrain d’origine, jusqu’à la place Foire-le-Roi, puis à l’est, jusqu’à l’actuelle rue des Amandiers [Mabire La Caille, 1981, p. 31-32]. Les frères s’étaient peu à peu livrés à de la spéculation foncière en opposition à leur règle de pauvreté. Ils avaient acquis des parcelles de terre proches de leur enclos sur lesquelles ils avaient fait construire des habitations. Ils louaient parfois ces terrains avec à la charge du locataire d’y faire construire une demeure [Oury, 1978, p. 690]. Pour pallier le relâchement dans l’observation de la règle, la réforme fut introduite chez les Jacobins au début du XVIe siècle. Cette réforme prônait un retour strict à la règle [Mabire La Caille, 1981, p. 23].

 

Déclin et disparition du couvent

À partir de 1557, le couvent connut des difficultés financières qui poussèrent les religieux à louer leur infirmerie à la ville de Tours qui y ouvrit un collège [Mabire La Caille, 1981, p. 23]. À la Révolution, le couvent fut vendu comme bien national. Les bâtiments conventuels et l’église sont alors transformés en entrepôts puis en manutention militaire. À la fin du XIXe siècle, il ne reste presque rien des bâtiments qui composaient le couvent, seuls demeurent un bâtiment qui était accolé au cloître et l’église. Ils ne résistèrent cependant pas aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale [Mabire La Caille, 1981, p. 26].

 

Bibliographie

Mabire La Caille, « Évolution des enclos conventuels des mendiants à Tours (XIIIe-XVIIIe s.) », dans Recueil d’études, Tours, Laboratoire d’archéologie urbaine, 1981, p. 17-32 (Recherches sur Tours, 1).
Oury, « Le couvent des Jacobins de Tours au Moyen Âge », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 38, 1978, p. 681-691.


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